Les premiers documents prouvant l'existence de Mason remontent vingt-huit années en arrière dans une salle aux enchères clandestine de Bangkok. De riches personnes venues des quatre coins du globe jouaient à celui qui ferait la meilleure offre. Des élémentaires étaient mis en vente. C'était bien entendu un commerce illégal, mais hélas lucratif, certaines personnes étaient prêtes à payer une fortune pour que ces êtres surnaturels vinssent compléter leurs collections. L'un des "articles" proposés était pour le moins singulier : il s'agissait d'un œuf. A l'intérieur se trouvait un élémentaire de feu qui n'avait pas encore éclos. Les enchères furent démesurées et l'œuf coûta une petite fortune à celui qui avait eu la joie de l'acheter.

Quelques années plus tard, un petit garçon vivait dans une cage. Il était la soi-disant possession d'un milliardaire saoudien et il était séquestré dans une propriété de luxe en plein milieu d'un désert de sable. Depuis sa naissance pour le moins singulière puisqu'il était sorti d'un œuf, on l'avait traité comme un animal sauvage. On le retenait derrière des barreaux, on ne lui avait pas appris à parler, on ne l'habillait pas et on lui donnait de la viande crue à manger. On le craignait et on n'osait pas l'approcher. Son maître l'observait de loin et s’enorgueillissait de le posséder. Car ce garçon était loin d'être ordinaire. C'était un élémentaire de feu et il se transformait en dragon. Quelques personnes imprudentes avaient déjà fait les frais de ses morsures et de son souffle enflammé.

Un jour, la demeure du riche saoudien fut prise d'assaut par un commando feats. Menés par le colonel Alexandra Connor, les soldats élémentaires neutralisèrent la milice qui protégeait l'oasis et ses bâtisses de luxe. L'air tempêtait, le sol tremblait, l'eau tourbillonnait, le feu s'enflammait et les esprits devenaient fous. Il ne resta que des ruines de cet horrible zoo d'élémentaires particulièrement révoltant. Parmi les rescapés, il y avait l'enfant dragon. Alors qu'il avait toujours vécu comme une bête sauvage dans une cage, il avait été libéré par le colonel Connor et apprivoisé par sa douceur maternelle. Lors du voyage qui l'amena au vaisseau des Feats, il ne quitta pas les bras de sa sauveuse et l'attendrit au point qu'elle décida de l'adopter.

Il reçu un nom de sa mère adoptive : Mason William Connor. Celle-ci était déjà mère de famille et ainsi il eut droit à un grand frère en bonus. Ce dernier était télépathe et Mason pouvait communiquer avec lui alors qu'il ne savait pas encore parler ; le petit frère le collait tout le temps et recherchait son affection. Vivant à Claytown, la cité des élémentaires, Mason rattrapa son retard avec des spécialistes et fut scolarisé comme n'importe quel enfant. Sa mère était officier sur le vaisseau des Feats et il ne la voyait pas souvent, mais il ne manquait de rien, que ce soit matériel ou affectif, vivant avec tout le confort nécessaire avec son adorable grand frère. Le spectre de cette mère absente qui l'avait héroïquement sauvé inspirait Mason qui voulait lui aussi devenir un Feats.

Avec le pouvoir de se transformer en dragon, Mason était voué à devenir un char d’assaut de Feats. Lorsqu'il prépara son examen, il entraîna davantage ses capacités physiques et martiales qu'il ne chercha à remplir sa tête. C'était une petite montagne de muscles qui pensait que la violence était la solution à tous les problèmes. Néanmoins, une fois sur le terrain, il acquit l'expérience d'autres façons de faire et se vit inculquer un peu de jugeote, même s'il aurait toujours un peu tendance à cogner d'abord et à poser les questions ensuite. Il fit un soldat émérite et à l'âge de vingt-six ans, on le jugea digne de devenir capitaine. Malgré un taux de réussite exemplaire, on hésitait pas à lui confier des missions difficiles, une réputation de tueur de recrues lui collait dès lors à la peau...

Quand on est capable de se transformer en dragon, qu'on n'hésite pas à foncer dans le tas et à affronter tous les dangers parce qu'on ne craint pas grand chose, on a tendance à oublier que ses équipiers ne sont pas des tanks ailés équipés de lance-flamme.